Numismatique

Il trouve 100kg d’or : l’incroyable histoire des trésors cachés en France

17/11/2025

Par Maison Joubert

Imaginez-vous en train de vider la maison d’un parent décédé. Entre les vieux meubles, les cartons poussiéreux et les souvenirs fanés, vous tombez sur une boîte en fer-blanc vissée sous un meuble. Vous l’ouvrez, intrigué… et découvrez des pièces d’or étincelantes. Ce scénario qui semble tout droit sorti d’un film d’aventure est pourtant une réalité vécue par des Français ordinaires. La France, riche de son histoire tourmentée et de ses périodes d’instabilité, est un véritable terrain de jeu pour les trésors « dormants ». Ces découvertes ne sont pas des mythes, mais des faits divers extraordinaires qui rappellent que, parfois, la fortune se cache là où on l’attend le moins.

Le trésor d’Évreux : 100 kilos d’or découverts par hasard

Une mission de routine qui bascule dans l’extraordinaire

Tout commence par une histoire banale. Un héritier mandate Me Nicolas Fierfort, un commissaire-priseur réputé, pour vider une maison cossue mais d’apparence ordinaire située à Évreux, en Normandie. La tâche semble routinière : inventorier les biens, estimer leur valeur, organiser la succession. Pourtant, ce jour-là, l’histoire va prendre un tournant inattendu qui marquera à jamais la carrière de ce professionnel.

Alors qu’il inspecte méthodiquement les lieux, le commissaire-priseur remarque une boîte en fer-blanc vissée sous un meuble. Intrigué, il l’ouvre avec précaution. À l’intérieur : des pièces d’or qui brillent d’un éclat mystérieux. Le cœur battant, il comprend qu’il ne s’agit pas d’une simple trouvaille. C’est le début d’une véritable chasse au trésor qui va transformer cette journée ordinaire en aventure digne des plus grands romans.

Une chasse au trésor méthodique

Une fois la première découverte faite, l’équipe du commissaire-priseur se met au travail avec une énergie décuplée. Chaque recoin de la maison devient suspect. Ils fouillent partout : sous les piles de linge, dans les armoires, derrière les boiseries… Et les découvertes s’enchaînent de manière stupéfiante. Des pièces d’or sont trouvées dans une paire de chaussures, d’autres sont accrochées sous un meuble avec du ruban adhésif, certaines sont même dissimulées sous le parquet.

La minutie de la recherche paie. Au total, le butin dépasse toutes les espérances : 100 kilos d’or pur. Le trésor comprend 37 lingots précieux, deux barres exceptionnellement rares de 12 kilos chacune, et près de 5000 pièces d’or historiques – des 20 Francs Napoléon et des Coqs Marianne qui racontent à elles seules un pan de l’histoire monétaire française. La valeur totale de cette trouvaille ? Un montant vertigineux de 3,5 millions d’euros.

L’or de précaution : un héritage des années 50-60

Mais d’où venait tout cet or ? L’enquête révèle que le propriétaire défunt avait acheté cet or légalement dans les années 1950 et 1960, une période encore marquée par les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale. Les certificats d’achat retrouvés dans la maison en témoignent. À cette époque, nombreux étaient les Français qui se méfiaient du système bancaire et des institutions financières. L’or représentait une valeur refuge absolue, un moyen de préserver son patrimoine hors du contrôle de l’État et à l’abri des turbulences économiques.

Cette pratique, appelée « l’or de précaution », était courante chez une génération qui avait connu les pillages, les dévaluations monétaires et les confiscations. Pour ces personnes, garder son or chez soi n’était pas de la paranoïa, mais une sage précaution. Le drame, c’est que bien souvent, le secret de ces caches meurt avec leur propriétaire, laissant les héritiers stupéfaits face à des découvertes posthumes extraordinaires.

Le trésor de Morez : quand la mairie trouve l’or

Un achat immobilier qui rapporte gros

Si le trésor d’Évreux est impressionnant, l’histoire de Morez, dans le Jura, n’en est pas moins fascinante. La municipalité décide d’acheter une vieille bâtisse pour 130 000 euros, dans le cadre d’un projet d’aménagement urbain. Un investissement modeste pour une collectivité locale. Personne ne se doute que cette acquisition va se transformer en jackpot inattendu.

Les employés municipaux sont chargés de vider les lieux. Au fond d’une penderie, ils découvrent de vieux pots de confiture couverts de poussière. Ils s’apprêtent à les jeter quand l’un d’eux décide de vérifier le contenu. Bonne pioche ! L’un des pots est rempli de plus de 1000 pièces de 20 francs en or. D’autres récipients contiennent cinq lingots d’or pur. La valeur totale du trésor ? Plus de 500 000 euros.

Ce qui rend cette histoire particulièrement savoureuse, c’est que, légalement, ce trésor revient entièrement à la ville de Morez. Un coup de chance inespéré pour les finances municipales ! Cette découverte rappelle que parfois, les meilleurs investissements sont ceux qu’on ne prévoit pas.

Quand les murs parlent : l’or caché des artisans

L’ouvrier et le mur qui valait des millions

Les trésors ne se trouvent pas seulement dans les greniers et les penderies. Parfois, ce sont les murs eux-mêmes qui recèlent des fortunes. Dans une maison de l’Isère ou du Jura (les sources divergent sur la localisation exacte), un ouvrier effectue des travaux de rénovation. Armé de son marteau-piqueur, il s’attaque à un vieux mur qui doit être démoli.

Soudain, le choc métallique résonne différemment. Le mur s’effondre partiellement, révélant une cache insoupçonnée. À l’intérieur : 2 millions d’euros en liquide et 50 lingots d’or d’un demi-kilo chacun, soigneusement empilés. L’ouvrier, abasourdi, vient de tomber sur l’une des plus importantes caches d’or découvertes ces dernières années en France. Cette trouvaille soulève évidemment de nombreuses questions juridiques, que nous aborderons dans un prochain article.

Le trésor de Bazas : une fenêtre sur le passé

En 2024, à Bazas, en Gironde, des ouvriers travaillant sur un chantier font une découverte qui va réjouir les archéologues et les numismates du monde entier. Dans un sac dissimulé depuis des siècles, ils trouvent 1010 pièces d’or datant des 16e et 17e siècles. Parmi elles, des monnaies frappées sous Louis XIII et Louis XIV, témoins d’une époque où la France rayonnait en Europe.

Ce qui rend cette découverte exceptionnelle, ce n’est pas seulement la quantité d’or, mais sa valeur historique. Ces pièces racontent l’histoire de la monarchie française, des guerres, du commerce et de la vie quotidienne de nos ancêtres. Pour les experts, c’est une véritable capsule temporelle qui offre un aperçu précieux sur l’économie et la société de cette période.

Le couple breton et son trésor emmurée

En 2019, en Bretagne, un couple entreprend des travaux de rénovation dans leur propriété ancienne. En démolissant un mur intérieur, ils découvrent une cavité contenant 239 pièces d’or : des Louis d’or et des Double Louis d’or, toutes en excellent état de conservation. Ces monnaies, frappées sous les rois de France, représentent une petite fortune, mais aussi un témoignage historique inestimable.

Ce qui frappe dans cette histoire, c’est l’émotion des propriétaires. Au-delà de l’aspect financier, ils réalisent qu’ils viennent de toucher du doigt l’histoire de leur maison et peut-être celle de leurs ancêtres. Qui a caché cet or ? Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? Ces questions restent sans réponse, ajoutant une dimension mystérieuse à cette découverte.

Pourquoi tant de trésors cachés en France ?

Un siècle de guerres et d’instabilité

Pour comprendre pourquoi la France regorge de trésors cachés, il faut remonter le fil de son histoire tumultueuse. Le 19e et le 20e siècle ont été marqués par une succession de conflits et de crises qui ont profondément marqué les mentalités.

La guerre franco-prussienne de 1870, la Première Guerre mondiale (1914-1918), la crise économique des années 1930, et surtout la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) avec l’Occupation allemande, ont créé un climat d’insécurité permanent. Les Français ont appris à se méfier des banques, des institutions et même de leurs voisins. Dans ce contexte, cacher son or à la maison n’était pas une excentricité, mais une question de survie.

L’or, valeur refuge ultime

Contrairement à la monnaie papier, qui peut être dévaluée du jour au lendemain, l’or conserve sa valeur intrinsèque. Les personnes qui ont vécu les grandes crises monétaires le savent bien : quand les billets de banque ne valent plus rien, l’or reste une monnaie d’échange universelle. C’est pourquoi tant de Français ont constitué des réserves d’or, qu’ils ont soigneusement dissimulées dans leurs maisons.

Le problème, c’est que ces caches étaient souvent connues d’une seule personne : leur propriétaire. À sa mort, le secret disparaissait avec lui, laissant l’or dormir pendant des décennies, voire des siècles. C’est ainsi que se créent ces « capsules temporelles » qui fascinent tant lorsqu’elles sont découvertes.

La peur de l’impôt et de la confiscation

Au-delà des guerres, la méfiance envers le fisc a aussi joué un rôle important dans la constitution de ces trésors cachés. Tout au long du 20e siècle, les gouvernements français ont régulièrement augmenté les impôts et mis en place des mesures de contrôle des capitaux. Certains Français fortunés ont alors choisi de soustraire une partie de leur patrimoine au regard de l’administration fiscale en le convertissant en or et en le dissimulant.

Cette pratique, bien que légale à l’époque de l’achat de l’or, devenait problématique si le bien n’était pas déclaré dans les successions. Mais pour les propriétaires de ces trésors, l’important était de préserver leur patrimoine coûte que coûte, quitte à prendre des risques juridiques.

Des découvertes qui posent des questions juridiques

Si trouver un trésor est excitant, cela soulève immédiatement des questions complexes : à qui appartient-il ? Faut-il le déclarer ? Quelles sont les obligations légales ? La loi française est très précise sur ces points, et ignorer ces règles peut coûter cher.

Comme nous le verrons dans notre prochain article dédié au cadre juridique, l’article 716 du Code Civil définit précisément ce qu’est un « trésor » et comment il doit être partagé entre le découvreur et le propriétaire du terrain. Mais attention : si le trésor a un intérêt historique ou archéologique, les règles changent radicalement. L’État peut alors revendiquer la propriété du bien au nom de la préservation du patrimoine national.

Ces découvertes extraordinaires sont donc à la fois une aubaine et un casse-tête juridique. Elles rappellent que la frontière entre le rêve et la réalité est parfois très mince, et que l’histoire peut surgir au détour d’un grenier ou derrière un mur.

Conclusion : des capsules temporelles qui continuent de fasciner

Ces histoires de trésors cachés nous rappellent que la France est un pays où l’histoire est encore vivante, tapie dans l’ombre des maisons anciennes et des murs centenaires. Chaque découverte est une fenêtre ouverte sur le passé, un témoignage des peurs, des espoirs et des stratégies de survie de nos ancêtres.

Que ce soit les 100 kilos d’or d’Évreux, le trésor de Morez, les pièces de Bazas ou les lingots emmurés, toutes ces trouvailles racontent la même histoire : celle d’une France qui a traversé des épreuves et qui a su, tant bien que mal, préserver ce qui lui était cher. Ces trésors sont bien plus que de simples amas de métal précieux : ce sont des fragments d’histoire, des preuves tangibles que nos ancêtres ont vécu, espéré et lutté.

Mais trouver un trésor n’est que la première étape. La seconde, souvent plus complexe, est juridique. Que dit la loi française ? Qui a le droit de garder l’or trouvé ? Quelles sont les obligations de déclaration ? C’est ce que nous explorerons dans notre prochain article consacré au cadre légal des découvertes de trésors en France.

Sources

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