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J’ai trouvé un trésor ! Ce que dit vraiment la loi française
Numismatique

J’ai trouvé un trésor ! Ce que dit vraiment la loi française

27/10/2025
Par Maison Joubert

Vous venez de découvrir des pièces d’or dans le grenier de votre grand-mère ? Des lingots emmurés dans votre cave ? Félicitations ! Mais avant de vous imaginer riche, prenez le temps de lire ce qui suit. Car en France, trouver un trésor n’est que la première étape d’une aventure qui peut rapidement se transformer en casse-tête juridique. La loi française sur les trésors est précise, parfois surprenante, et méconnue du grand public. Plongeons ensemble dans les méandres du Code Civil et du Code du Patrimoine pour comprendre vos droits… et vos devoirs.

L’Article 716 du Code Civil : La Pierre Angulaire du Droit des Trésors

Tout commence avec l’article 716 du Code Civil français. Ce texte fondamental, qui remonte au Code Napoléon de 1804, définit ce qu’est juridiquement un « trésor ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, tous les objets de valeur découverts ne sont pas des trésors au sens de la loi. Pour qu’une découverte soit qualifiée de « trésor », trois conditions cumulatives doivent être réunies.

Les Trois Conditions pour Qualifier un Trésor

Première condition : Le bien doit être caché ou enfoui. Il ne suffit pas de trouver un objet abandonné. Le trésor doit avoir été volontairement dissimulé, que ce soit dans un mur, sous un plancher, dans une cavité, ou enterré dans un jardin. Cette dissimulation témoigne d’une volonté délibérée de l’ancien propriétaire de protéger son bien.

Deuxième condition : La découverte doit être le pur effet du hasard. C’est là que réside toute la subtilité de la loi. Si vous cherchiez activement un trésor avec un détecteur de métaux ou suite à des indices précis, votre découverte ne sera pas considérée comme fortuite. La loi protège celui qui tombe sur un trésor par chance, pas celui qui le traque systématiquement. Cette distinction aura des conséquences majeures sur vos droits.

Troisième condition : Personne ne peut justifier de sa propriété. C’est le critère le plus complexe et le plus source de litiges. Si quelqu’un peut prouver, documents à l’appui, que le bien découvert lui appartient ou appartenait à sa famille, alors il ne s’agit pas d’un trésor au sens juridique, mais d’un bien perdu ou oublié.

Cas n°1 : Quand le Propriétaire Peut Prouver Ses Droits – L’Affaire de Roanne

Pour comprendre l’importance de cette troisième condition, analysons l’histoire d’un couple de Roanne. Ces nouveaux propriétaires tombent sur une découverte extraordinaire : 800 000 euros de lingots d’or dissimulés dans leur maison fraîchement acquise. L’euphorie de la découverte va rapidement laisser place à la déception.

Les anciens propriétaires, alertés par la nouvelle, sortent de leurs archives des documents prouvant que cet or appartenait à leur famille. Certificats d’achat, traces bancaires, témoignages : le dossier est solide. Le tribunal est formel : puisque la propriété peut être établie, il ne s’agit pas d’un « trésor » au sens de l’article 716. Le couple est contraint de restituer l’intégralité des lingots à leurs légitimes propriétaires.

Cette affaire illustre parfaitement le principe : un bien dont on peut tracer l’origine reste la propriété de son détenteur légitime, même s’il a été oublié ou perdu. La découverte fortuite ne crée pas un droit de propriété si un titre antérieur existe.

Cas n°2 : Le « Vrai Trésor » – Application de la Règle du Partage

Imaginons maintenant que personne ne puisse prouver la propriété du bien découvert. Vous êtes face à un véritable « trésor » au sens juridique. Mais attention : vous n’en êtes pas nécessairement l’unique propriétaire. Tout dépend du lieu de la découverte.

Scénario A : Le Trésor Découvert Sur Votre Propre Terrain

Si vous découvrez le trésor sur votre propre fonds (votre maison, votre jardin, votre terrain), la loi est simple : il vous appartient à 100%. Vous êtes à la fois l’inventeur (celui qui découvre) et le propriétaire du fonds. L’exemple du couple breton qui a découvert 239 pièces d’or emmurées dans leur propriété illustre ce cas de figure. Ces Louis d’or et Double Louis d’or leur appartiennent intégralement.

Scénario B : Le Trésor Découvert Sur le Terrain d’Autrui

La situation se complique lorsque vous trouvez un trésor sur un terrain qui ne vous appartient pas, ou inversement, lorsqu’un tiers (un ouvrier, un locataire) fait la découverte chez vous. Dans ce cas, l’article 716 impose un partage égalitaire : 50% pour « l’inventeur » (celui qui découvre), 50% pour le propriétaire du fonds (celui sur le terrain duquel se trouve le trésor).

Ce principe de partage moitié-moitié peut sembler arbitraire, mais il repose sur une logique équitable : l’inventeur mérite d’être récompensé pour sa découverte fortuite, tandis que le propriétaire du terrain a, sans le savoir, conservé ce bien sur sa propriété pendant des décennies, voire des siècles.

Histoire Vraie : L’Ouvrier du Jura qui a Gagné 518 000 Euros

Pour illustrer concrètement la règle du 50/50, penchons-nous sur l’histoire fascinante d’un ouvrier en bâtiment du Jura, qui a témoigné sur RMC. Cet homme effectue des travaux de rénovation dans une vieille maison. En cassant un mur, il découvre ce qu’il prend d’abord pour un « vieux sac de ciment durci ». Intrigué, il l’ouvre et reste sans voix : le sac contient des lingots d’or !

La valeur du butin ? 1,03 million d’euros. Une somme astronomique pour cet artisan, qui effectuait simplement son travail. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les anciens propriétaires de la maison, alertés par la nouvelle, décident de revendiquer le trésor. Contrairement au couple de Roanne, ils ne peuvent toutefois pas fournir de preuves documentaires suffisantes attestant de leur propriété sur cet or.

Le tribunal doit trancher. Après examen du dossier, les juges concluent que les trois conditions de l’article 716 sont réunies : l’or était bien caché, la découverte était fortuite (l’ouvrier ne cherchait pas de trésor), et personne ne peut juridiquement justifier de sa propriété. Le verdict tombe : application de la règle du partage égalitaire.

L’ouvrier reçoit 518 000 euros, soit 50% de la valeur du trésor. Les 50% restants reviennent aux propriétaires actuels de la maison. Dans son témoignage, l’ouvrier fait preuve d’une sagesse remarquable : il explique avoir placé l’argent, ne pas y avoir touché pendant la procédure judiciaire, et attendre patiemment la fin de toutes les démarches légales. Son projet ? Investir dans l’immobilier locatif pour sécuriser son avenir.

Cette histoire souligne l’importance de respecter les procédures légales. Cet ouvrier aurait pu être tenté de dissimuler sa découverte, mais son honnêteté a été récompensée. À l’inverse, toute tentative de dissimulation aurait pu se retourner contre lui et le priver de ses droits.

L’Exception Majeure : L’Intérêt Archéologique et Patrimonial

Vous pensiez avoir compris les règles ? Il existe une exception de taille qui peut tout changer : le Code du Patrimoine. Lorsqu’un trésor présente un intérêt pour « la préhistoire, l’histoire, l’art, l’archéologie ou la numismatique », les règles du Code Civil s’effacent devant l’intérêt collectif de la nation.

Concrètement, si votre découverte remonte à une période historique significative ou présente une valeur scientifique, vous avez une obligation légale : déclarer immédiatement votre trouvaille au maire de votre commune, qui transmettra l’information au préfet. Cette déclaration permet aux services de l’État d’évaluer l’importance de votre découverte.

Prenons l’exemple d’un couple des Deux-Sèvres qui, en 2022, découvre 2000 pièces d’argent dans leur jardin. Datant des XIIIe et XIVe siècles, ces monnaies ne sont plus simplement une épargne oubliée : elles constituent un témoignage direct de la Guerre de Cent Ans, une fenêtre ouverte sur l’économie et la société médiévales. Ce n’est plus un trésor privé, c’est un document historique.

Autre exemple spectaculaire : les 1010 pièces d’or découvertes par des ouvriers sur un chantier à Bazas, en Gironde, en 2024. Ces monnaies des XVIe et XVIIe siècles, frappées sous Louis XIII et Louis XIV, représentent une découverte archéologique majeure. Elles renseignent sur les circuits monétaires, les pratiques d’épargne, et peut-être même sur un événement historique particulier.

Dans ces cas, l’État peut exercer son droit de préemption : il revendique la propriété du trésor au nom de la collectivité nationale. Mais rassurez-vous, ce n’est pas une confiscation pure et simple. La loi prévoit le versement d’une indemnisation à l’inventeur et au propriétaire du fonds. Cette indemnité correspond généralement à la valeur vénale (marchande) du trésor, évaluée par des experts.

L’objectif de cette exception est clair : préserver le patrimoine commun. Un trésor archéologique vendu à un collectionneur privé est perdu pour la science et pour la mémoire collective. En revanche, confié à un musée ou à un centre de recherche, il devient un outil de connaissance accessible à tous.

Le Cas de Fraude : Le Désastre du Trésor de Lava

Pour comprendre ce qui se passe quand on bafoue la loi, il faut examiner l’affaire tristement célèbre du « Trésor de Lava », en Corse. Des plongeurs découvrent au large des côtes corses un ensemble exceptionnel de pièces d’or romaines, témoins d’un naufrage antique. C’est une découverte archéologique de premier ordre.

Mais les plongeurs commettent deux erreurs fatales. Première erreur : ils oublient (ou ignorent volontairement) que toute découverte en milieu maritime appartient à 100% à l’État français. Il n’y a pas de partage possible pour les trésors sous-marins. Deuxième erreur : ils ne déclarent pas leur découverte et tentent d’écouler les pièces sur le marché.

Les conséquences sont catastrophiques. Lorsque l’affaire éclate, les responsables sont poursuivis en justice et condamnés à des peines de prison. Mais le pire est ailleurs : le trésor a été dispersé. Des pièces inestimables, qui auraient dû être étudiées dans leur contexte archéologique, ont été vendues à des collectionneurs anonymes aux quatre coins du monde. La connaissance scientifique que ce trésor aurait pu apporter est perdue à jamais.

Cette affaire illustre un principe fondamental : un objet archéologique arraché à son contexte perd l’essentiel de sa valeur scientifique. Ce qui compte pour les chercheurs, ce n’est pas seulement l’objet lui-même, mais sa position, sa profondeur, les objets qui l’entourent, l’environnement dans lequel il a été trouvé. Toutes ces informations permettent de reconstituer l’histoire. Le pilleur qui vole un trésor archéologique ne vole pas seulement un objet : il arrache une page du grand livre de l’Histoire sans même la lire.

En Conclusion : La Loi Protège, Mais Récompense Aussi

Retenons les leçons essentielles de cette plongée dans le droit français des trésors. Si votre découverte est moderne et fortuite, la loi organise un partage équitable qui peut vous enrichir considérablement, comme l’a prouvé l’ouvrier du Jura avec ses 518 000 euros. Si elle est ancienne ou archéologiquement significative, votre devoir est de la déclarer : vous serez indemnisé, et vous contribuerez à la préservation du patrimoine national.

La tentation de dissimuler une découverte peut être forte, mais elle est risquée et contre-productive. Les exemples que nous avons étudiés le prouvent : l’honnêteté et le respect des procédures légales sont toujours les meilleures stratégies. Non seulement vous protégez vos droits, mais vous participez aussi à l’enrichissement de notre connaissance collective du passé.

Alors, si un jour vous tombez sur un trésor, rappelez-vous : avant de crier victoire, prenez le temps de comprendre vos droits et vos obligations. La fortune sourit aux audacieux, mais la loi récompense les honnêtes.

Sources

  • https://www.francetvinfo.fr/economie/ils-trouvent-pour-800-000-euros-de-lingots-d-or-dans-leur-maison-le-tresor-appartenait-aux-anciens-proprietaires_4674723.html
  • https://rmc.bfmtv.com/actualites/societe/j-ai-trouve-un-tresor-cache-dans-un-mur-l-incroyable-histoire-d-un-ouvrier-dans-le-jura_AN-202306230467.html
  • https://www.lefigaro.fr/flash-actu/deux-sevres-un-couple-decouvre-2-000-pieces-d-argent-datant-du-moyen-age-dans-son-jardin-20220603
  • https://www.lepoint.fr/justice/le-celebre-tresor-de-lava-de-retour-en-corse-15-11-2010-1262331_23.php
  • https://www.capital.fr/votre-argent/un-tresor-de-1010-pieces-dor-decouvert-par-hasard-sur-un-chantier-a-bazas-1490985